Nopin patientait dans la salle d’embarquement de l’aéroport de Moscou, réfléchissant à tous les présumés coupables de l’affaire Papiochka et répertoriant les éléments découverts depuis le début de l’enquète…
Notre inspecteur était impatient de retrouver le sol français et ses collègues du commissariat, pour leur prêter main forte !
Il était assis, songeur, ressassant cette affaire et occultant ce qui se passait autour de lui, lorsqu’il fut tiré de ses pensées par une babouchka, assise sur le banc à ses côtés, qui marmonnait un patois russe incompréhensible en fouillant dans son grand cabas.
Nopin la dévisagea.
Elle portait un grand bonnet (taille 95 D environ…) de laine , d’où s’échappaient quelques mèches de cheveux blancs. Son visage buriné était plaisant, et quand elle tourna la tête vers lui, il fut frappé par son regard vif et rieur, avec des yeux clairs pétillants de malice, encadré par des rides expressives.
Elle ressemblait étonnamment à Mme Papiochka .
Elle lui sourit alors et il découvrit qu’il lui manquait quelques dents, mais ça n’enlevait rien à son charme.
Comme beaucoup de babouchkas moscovites, elle devait certainement travailler durement pour survivre, et vendait peut être les légumes et les fruits de son jardin, ou des objets qu’elle avait fabriqués ou rafistolés ainsi que le faisait la plupart de ces personnes âgées, qui n’avaient pas de retraite décente ici.
Elle sortit de son cabas un paquet enveloppé de papier gras , et l’ouvrit.
Une bonne odeur d’omelette et d’oignons frits s’en échappa et vint chatouiller les papilles de Nopin .
Il sentit l’eau lui venir à la bouche et observa le manège de la babouchka.
Elle plongea la main dans sa poche, en sortit un petit canif avec lequel elle coupa une tranche d’omelette, puis une deuxième, qu’elle plaça dans une petite assiette en carton, remballa ce qui restait, prit une serviette en tissu à carreaux dans le cabas, l’installa sur ses genoux et entama allègrement à pleines dents
( celles qui lui restaient) la première tranche qu’elle avait coupée.
" Humm ! S’exclama-t-elle en russe, c’est délicieux ! "
Elle sentit le regard de Nopin , se tourna vers lui , et lui lança un clin d'oeil coquin…; puis, elle prit la deuxième tranche, la lui tendit en disant avec un drôle d’accent : « For you ! »
Nopin, amusé et tenté, accepta et remercia la bonne vieille.
Il goûta, c’était divin ! L’omelette était moelleuse et les oignons croustillants à souhait, un vrai délice !
Il fouilla dans ses poches afin de donner un billet à la babouchka, mais celle-ci le foudroya du regard !
“NO ! IT’S A PRESENT FOR YOU !”
Puis, elle fouilla à nouveau dans son cabas et en sortit un livre de recettes, écrit en anglais, qu’elle feuilleta et tendit à Nopin. « The recipe is on the page sixteen, keep the book!
Elle se leva vivement, pris son cabas, fit quelques pas et lui dit en se retournant :
“GOOD JOURNEY, SIR NO BREAD!” Et elle partit…
Nopin, interloqué, réalisa qu’elle l’avait appelé par son nom, ou presque : "Monsieur non pain "…
Il n’eut pas le temps de la rattraper, les hauts parleurs annonçaient que c’était le moment d’embarquer pour Paris ; Il mit le livre de recettes dans son sac, et se dirigea vers l’avion. En franchissant le sas vitré, il lui sembla revoir au loin la babouchka et son grand cabas, qui s’éloignait en compagnie d’une grande femme de la stature de Baba Yaga !
Il s’installa coté hublot, et sortit son ordinateur portable et le livre de recettes: le trajet durait trois heures, il avait le temps de consulter ses messages et de réfléchir à l’affaire Papiochka.
Pendant que l’avion décollait, il ouvrit le livre de recettes, le feuilletta rapidement.
Chaque recette était illustrée par une photo de femme présentant le plat réalisé. Nopin revint à la page seize.
La recette de l’omelette aux oignons croustillants était bien là, mais aussi la photo, et Nopin reconnut la mystérieuse Baba Yaga montrant une omelette à l’oignon !
Incroyable !
Il regarda attentivement la page : les ingrédients y étaient inscrits, mais on avait rajouté des annotations au crayon :
- Crème fraiche
code - Œufs pourris
- oignons
Et dans la marge , voilà ce qui était griffonné :
IRZSM /HIYB/ EYXVIW /TLSXSW/EZIG /JMGLIW /WMKREPIXMUYIW/ MRXIVTSP/
Code oeufs pourris... voyons, voyons...
Nopin alluma son portable ...
Il vit qu' il avait reçu deux messages :
- le premier de l’inspecteur Gadjo lui racontant sa rencontre avec le corbeau à la sortie de l’opéra et l’avertissant qu’un jeune inspecteur l’attendrait à l’aeroport pour le conduire au plus vite au commissariat;
-le deuxième message était codé :
PHOTO 1/ VWMB http://www.prise2tete.fr/upload/nipon-****.jpg
XEMPPI 1 QIXVI 97. ;
WYVRSQQI/:PI/ VSHIYV/ SY/ KVERHW TEW/
VSM /IPIWWEV /XIPGSRXEV
PHOTO 2/ JSSXFEPPIYV
http://www.prise2tete.fr/upload/nipon-***********.jpg
XEMPPI 1 QIXVI 78
TSMHW 75 OK
RI/ PI 12/10/1966 E /EVVECS / WIGS
HIJIRWIYV /EVKIRXMR
Nopin réfléchit… Voyons, code" oeufs pourris "...
Soudain il compris!
Spoiler : [Afficher le message] Mais bien sûr, c’est aussi facile que le code avocat !
Il décrypta tout le texte, les annotations dans la marge et ce qu'il y avait sous les liens...
Tout devint clair!
Et, comme pour les photos précédentes, il mit les mots en gras décryptés à la place des étoiles de l’url en majuscules.
Il cliqua sur les liens et les photos apparurent !
-" Bingo ! Nom d’un pipon ! mais où va-t-on ? " s’exclama t il en observant les visages…
Il passa tout le reste du voyage à réfléchir, à noter, et à envoyer des mails au commissariat, à l’intention de Nopin et Gadjo.
Il arriva enfin à Paris ; dès qu’il eut débarqué, un grand jeune homme l’aborda :
-"Inspecteut Nopin ? Je suis l’inspecteur Cash.
Le commissaire Papiéchau m’a chargé de vous amener au plus vite au commissariat !"
« Merci, Inspecteur Cash ! Euh... Vous payez toujours en liquide ? »
Cash sourit.
"Si vous êtes pressé, inspecteur, je mets les gyrophares…
Alors ? pin - pon ou NOPIN - pon ?" et il lui adressa un clin d'oeil.
Nopin sourit : ce petit jeune avait du répondant, il pensa qu’il allait bien se détendre avec des jeux de mots à la noix … Voyons... Cash...cash-nez, cash mire, cash ta joie…
Ca lui ferait passer le temps et il arriverait de bonne humeur au commissariat, prêt à mettre les bouchées doubles pour résoudre cette affaire compliquée!
Edit: j'ai corrigé les petites erreurs de codage et tout est OK maintenant. Merci à Ash et Mathias de me l'avoir signalé!