MARDI 15 JUILLET 2008

Malandrin arriva au commissariat des Piérette, accompagné d'un jeune homme brun, que Betty, la secrétaire "personnelle" de Gadjo, jugea séduisant.

"Bonjour, inspecteur, lança-t-elle fièrement, son décolleté aguicheur attirant le regard du jeune homme.
- Bonjour, Betty. Le monsieur qui est ici est Bastien Lanvois, un ami à moi, qui a tenu à m'accompagner dans mon enquête de cette semaine. Je vous prierai de le laisser se balader où il veut, à n'importe quel moment. Je lui fais confiance.
- Bien, inspecteur."

Malandrin guida Lanvois jusqu'à son bureau au premier étage. Depuis qu'ils avaient tous deux affronté l'Evaluateur et réussi à lui survivre, quelque chose les liait l'un à l'autre, une sorte de reconnaissance mutuelle. Deux frères de sang, en quelque sorte.

Le soir après la dure journée du 7 juillet, ils s'étaient soutenus l'un l'autre, tout au long de leur garde à vue. Malandrin faisait les phrases, Lanvois les traduisait en anglais aussi bien qu'il pouvait, et ils réussirent finalement à convaincre les enquêteurs de la véracité de leur histoire. Les policiers anglais avaient joint Gadjo sur son numéro personnel, et il confirma que Malandrin était son coéquipier, un cryptologue très efficace et très réputé. Le lendemain matin à la première heure, Gadjo et Nopin étaient venus récupérer leur collègue et son ange gardien improvisé au commissariat central de Londres.

Après deux jours de repos total, Malandrin et Lanvois avaient repris contact, et Lanvois avait insisté pour participer à l'enquête qui serait menée sur cette sale affaire. Malandrin l'avait prévenu des risques que Lanvois prendrait, et Lanvois n'avait pas bronché. Il souhaitait "l'aider jusqu'au bout", dit-il à Malandrin, qui n'avait pas d'autre argument contre sa présence. Son cerveau fonctionnait bien, il pourrait donc être utile à l'enquête. A terme, peut-être deviendrait-il un équipier...



Ils s'installèrent tous deux au bureau de Malandrin.

"Merci pour ton aide, fit Malandrin à Lanvois.
- De rien, c'est normal. C'est un peu une vengeance personnelle...
- Voici les indices dont nous disposons, commença Malandrin en saisissant un stylo à bille et en tirant une feuille blanche vers lui. Nous avons la mescaline, qu'il consomme apparemment, qu'il m'a dit beaucoup aimer. Je ne sais pas si ça servira, mais je garde. Nous avons Nietszche, né en 1844, qu'il aime beaucoup. Nous avons le 29/02, date de naissance apparemment importante. Nous avons l'année 1980. Nous avons l'ISO 2108, qui sert à la construction des ISBN. Et nous avons 9221. Celui-là, c'est quand je l'ai envoyé chier, il ne m'a pas dit à quoi il correspond. On le garde au cas où.
- C'est tout ?
- C'est déjà pas mal, mais non, ce n'est pas tout. Il y a la carte SIM du portable sur lequel il m'a appelé. Nous remonterons sans doute jusqu'au numéro de téléphone de ce salaud grâce à ça. Je propose qu'on commence par là."

Ils descendirent tous deux dans le bureau d'un de leurs collègues, le cryptologue et informaticien de génie Cartasse, qui leur promit de s'occuper aussi vite que possible de ça.



Durant la journée, ils firent des recherches sur les autres indices dans la base de données de la police, mais ne trouvèrent pas grand-chose. Malandrin trouva plusieurs personnes nées le 29 février 1980, dont un certain Alain Hamelan, éditeur. Le rapport avec l'indice sur les ISBN lui semblait parlant ; il garda l'information de côté. Néanmoins, il savait que l'Evaluateur avait très bien pu donner ces indices uniquement pour brouiller les pistes (comme tous les autres indices qu'il avait donnés). La thèse d'une rancoeur personnelle envers cet Alain Hamelan n'était pas exclue.



Vers 15 heures, Malandrin reçut une liste de nombres de la part de Cartasse :

+260131070703
+320321141106
+380911211318

De rien.

Cartasse

"Tu y comprends quelque chose, toi ? demanda Lanvois, perplexe.
- Bien sûr, regarde."

Malandrin recopia les nombres et en écrit un en-dessous après de rapides calculs.

"Ah oui, tout simplement, fit Lanvois désabusé.
- Tout simplement. Avec un peu de logique, on trouve la suite en deux-deux."

Malandrin lança une recherche de numéro de téléphone à l'international ; l'ordinateur lui cracha vite une réponse.

http://www.prise2tete.fr/upload/MthS-Ml … ******.jpg (12 chiffres à rajouter)

"Demain, déclara Malandrin, on voyage.
- Encore Londres ? Ca nous rappellera des souvenirs."