APRES-MIDI DU JEUDI 17 JUILLET 2008
Le mandat de perquisition en poche, Malandrin roulait vers l'appartement personnel d'Alain Hamelan, un loft isolé en région parisienne. Lanvois, installé à la place du mort, regardait la route.
"Alors, qui est ce Assain ?
- Marc Assain, malfrat mis sous les verrous en 1989 grâce à mon aide, pour trafic international de cocaïne et de mescaline.
- Mescaline ?
- Oui oui, mescaline. La voilà qui revient. Ca paraît presque trop simple.
- Il s'attendait vraiment à ce qu'on meure, remarqua Lanvois d'une voix basse.
- On peut supposer. Assain est sorti de prison en 1996, autant dire qu'il a eu sept ans pour m'en vouloir, et dix ans pour préparer son coup. Si c'est bien lui.
- On peut supposer, quand même.
- Oui, on peut supposer. J'ai eu un mal de chien à l'arrêter, à l'époque. C'était une de mes premières grosses enquêtes, et ses cryptages étaient surprenants. En outre, un génie de l'électronique. On a vu ça dans sa cave londonienne hier. Vu son passif, il connaît pas mal de monde dans les milieux du crime.
- On le tient, donc ?
- Si on arrive à mettre la main sur lui. Papiéchau et Cash sont en train de chercher des traces de lui dans les dix derniers jours.
- Depuis notre journée noire, donc.
- Voilà. Et Gadjo cherche le parcours d'Hamelan. J'ai l'impression d'avoir déjà vu son nom quelque part, je fouillerai. On y est."
Malandrin gara sa voiture de service (une Twingo, tant pis pour le prestige) et en descendit, suivi de Lanvois qui resta béat devant le loft. Une immense bâtisse avec piscine.
"Impressionnant, son petit loft de campagne. Ca sent le fric, par ici.
- T'as raison, ouais."
Ils entrèrent grâce aux clés que Hamelan avait été obligé par la loi de leur donner. Une dizaine de pièces bien décorées, richement équipées, mais lamentablement ordinaires. Dans la cave, on trouvait néanmoins une lourde porte en métal. Le mur lambrissé présentait un digicode dont les chiffres étaient désorganisés :
"Soit il connaît le code par coeur, réfléchit Malandrin à haute voix, soit, plus probablement, il s'est laissé un mémo quelque part. On est reparti pour fouiller."
Après quinze minutes de fouilles, Malandrin et Lanvois étaient bredouilles. Pour se détendre, Malandrin commença à regarder les nombreux tableaux de la maison, lorsqu'il observa un détail sur une toile représentant New York de nuit. Un immeuble semblait fort peu réaliste par rapport au reste du tableau ; la différence ne se voyait qu'en étant très attentif. Pourtant, vu de près, ce "détail" était flagrant.
Il fit soudain beaucoup plus attention aux autres tableaux, et remarqua celui-ci en particulier. Ce pouvait très bien être un indice numérique.
Il retourna le tableau, et tout s'éclaira.
Spoiler : Indice Retournez-le, vous aussi
"Bastien ! cria-t-il dans la maison. Te fatigue pas, je l'ai, j'ai le code !"
Le temps que Lanvois revienne (il était dans la chambre du premier étage), Malandrin avait calculé et vérifié le code. Il le tapa sur le digicode de la cave.
La porte s'ouvrit sur une pièce capitonnée, dans laquelle était séquestrée une jeune femme famélique. Ses mains étaient menottées et attachées à environ un mètre de hauteur. Elle semblait être là depuis quelque temps déjà.
Elle se tourna vers Malandrin et Lanvois, stupéfaits par la scène. Sa bouche baillonnée laissa échapper un cri sourd : "Hhhhhmmpffff !"
Malandrin ne put rien dire. Il connaissait ce visage.
Elle l'avait reconnu aussi. Quelques larmes de joie commencèrent à couler sur son visage.
"Camille ?!" s'exclama Malandrin.