Malandrin arriva à Marciac dans la matinée. Le festival n'ouvrirait ses portes qu'à midi ; il fit donc le tour des environs.

Dans un village voisin, une fanfare jouait des vieux airs. Lors du deuxième couplet d'une chanson d'avant-guerre, un des musiciens fit une fausse note avec son saxophone. Sans doute qu'il avait trop délaissé son sax.

"Il faudrait l'ôter, ce canard", se dit Malandrin. "Si les musicos jouaient juste, leur entrain ne gênerait plus et les flutes s'en pameraient."

Une fois la représentation finie, il alla parler au saxophoniste qui lui répondit que les accidents arrivent même aux meilleurs. Lui semblait super entraîné ; il faisait même des gammes en lisant. Quand Malandrin lui demanda ses influences, il répondit : "Je ne parle que de Bizet, moi qui en ai tant joué !"

La discussion étant entamée, Malandrin évoqua "l'air de rien" Fantauch. Le saxophoniste lui remit une feuille et partit sans mot dire. Contrairement à Malandrin qui maudissait son impolitesse. Il jeta un oeil à la feuille.



Incompréhensible. Il appela Gadjo et lui dicta les informations ; celui-ci, après quelques recherches, le rappela au bout d'un quart d'heure.

"Une sacrée galère à remplir. Il fallait trouver les bons livres ; heureusement ils parlaient tous de la même chose. Une fois la grille remplie avec les ISBN des livres, on obtient avec les cases jaunes le mot c******.
- Bah bien sûr, répondit Malandrin. Le fameux c****** de c*****."



Lorsque Malandrin arriva au festival de jazz, un jeune homme lui tomba dessus sans prévenir.

"Mot de passe ?" demanda-t-il froidement. Malandrin faillit lui demander, mais au lieu de ça il répondit le mot que Gadjo avait trouvé pour lui, et le jeune homme lui tendit une étrange feuille.

www.prise2tete.fr/upload/MthS-MlndN-c******.jpg

"Tiens tiens, je crois savoir qui est le signataire de cette lettre", se dit Malandrin. Il comprit grâce à cela comment était codée la signature (un codage très simple, sous une nouvelle forme), et réussit à décrypter le reste du message, qui ne lui disait rien de bon. Il fit venir Gadjo et des renforts policiers.



A dix-huit heures cinquante-huit, Gadjo et Betty avaient rejoint Malandrin, et tous trois étaient devant la scène du festival. Dix agents de police étaient prêts à intervenir.

C'est alors qu'une dizaine d'hommes cagoulés montèrent sur scène et en éjectèrent sans violence le groupe de jazz qui jouait. Ils se mirent à jouer ce que Gadjo appelait "l'Hymne à la Oie", ce qui amusa Betty. Tandis que les policiers se ruaient vers la scène, Betty se mit à danser.

http://fr.youtube.com/watch?v=***Qtet1VHQ (complétez l'URL avec les 5ième, 13ième et 27ième lettres du message codé, en minuscules - beh oui, c'est comme ça : pas de réponse, pas de vidéo)

L'interpellation de quelques individus eut lieu ; les autres réussirent à s'enfuir. Avant de se faire passer les menottes, un des opposants cagoulés hurla dans le micro :

"Vive le Condomkistan ! Jamais à la pression nous ne cèderons !"

"Dans un sens, ils ont réussi leur coup, fit Malandrin.
- Pourquoi ils se sont fait virer ? demanda Betty, essouflée. C'était quand même plus marrant que leur jazz tout mou, non ?
- Elle est à côté de la plaque, mais elle n'a pas forcément tort", fit remarquer Malandrin qui n'aimait pas le jazz. Gadjo lui lança un regard noir.

"Et maintenant ? demanda Malandrin.
- Maintenant, lui répondit Gadjo, je vais rester pour le John Butler Trio, ensuite on va manger un bout et on enquêtera sur ces illuminés un autre jour.
- OK, je t'attends au bar, maniaque de l'art... ils ont un très bon armagnac."

Sa blague ne fit rire que lui.