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Résumé de la discussion
- ash00
- 10-11-2008 21:33:10
Quelque part en Belgique, mardi 14 octobre, 8h47
Cash était en route pour la bibliothèque, un lieu qu’il connaissait particulièrement bien pour avoir passé plus de temps là-bas que devant son bureau. En chemin, il avait laissé derrière lui Marc qui le ralentissait. Pas une minute à perdre, la vie de quatre personnes était en jeu. Ils avaient convenu que Marc le rejoindrait après s’être assuré qu’il n’avait pas reçu un e-mail ou tout autre contact de la part du ravisseur.
Cash passait devant les locaux qui avaient été ses classes de cours… ou plutôt ses classes de tortures. Il n’avait pas vraiment été un mauvais élève, mais il préférait passer son temps à découvrir les choses du passé, du présent et du futur dans les milliers de livres que comptait la bibliothèque de l’école. Il était si souvent là qu’il avait au fil du temps une place bien à lui. Quand d’autres étudiants la lui prenaient, Cash se mettait dans une colère monstre et mettait la pagaille tant qu’il n’obtenait pas gain de cause. Les bibliothécaires avaient coutume de dire : « Si tu touches à son banc, il boude ». Ils avaient finalement trouvé une solution en lui proposant un coin où lui seul pouvait se rendre. Il ne faut pas fâcher le lecteur ! était leur devise. Et franchement, ils y étaient arrivés. Cash avait pu alors à loisir feuilleter de nombreux livres qui lui avaient fait découvrir l’ingéniosité des hommes pour créer toutes sortes de choses, les meilleures comme les pires. Cash était tombé presque par hasard sur un roman de Conan Doyle et l’avait dévoré d’une traite. Il avait ensuite lu tous les classiques des romans policiers et de là, son envie de devenir un fin limier traquant les criminels avait pris corps.
Les couloirs s’additionnaient. Une dernière ligne droite et Cash arriverait à la bibliothèque. Il se demandait ce qu’il trouverait cette fois dans le livre Vérité de la Parole. Le ravisseur commençait réellement à mettre Cash hors de lui. Quelles étaient ses intentions ? Quel était son mobile ? Cash franchit la porte et se retrouva comme plongé 20 ans en arrière. Peu de choses avait changé. Toujours les mêmes bibliothèques branlantes, les casiers à fiches, les rayons serrés les uns contre les autres. On n’était pas encore passé à l’ère du numérique visiblement.
Cash chercha le responsable du regard. Il n’avait pas la moindre idée où était rangé le foutu livre qu’il devait trouver rapidement. Au bout du rayon, une femme était en train de ranger des livres. Cash lui toucha l’épaule et lui dit : - Excusez-moi, Mademoiselle, pourriez-vous m’aider s’il-vous-plaît ? - Evidemment, Cash ! lui répondit la jeune femme en se retournant. Cash n’en croyait pas ses yeux. Il avait devant lui une de ses anciennes camarades de classe, et pas la moindre. Cash se trouvait en face de Mara, une fille dont il avait été fou amoureux pendant ses années d’école, mais à laquelle il ne l’avait jamais avoué. - Euh…. Beuh…. Sal…salut Mara ! furent les seuls semblants de mots qu’il parvint à articuler. - Ben dis donc, t’en as appris du vocabulaire en 20 ans ! lui dit Mara en repoussant ses cheveux sur ses épaules. T’as toujours été peu loquace, mais ici, tu frises le vide absolu. Cash ne savait plus où se mettre. Sa situation semblait amuser Mara qui prenait vraiment du plaisir à le voir ainsi. - Ma mine t’a toujours inspiré de la pitié, lui dit enfin Cash. - Mais arrête de dire n’importe quoi. A l’époque, tu me faisais même un sacré effet. Malheureusement, tu ne l’as jamais remarqué. - Jeune déjà, tu paraissais taquine, mais là, tu te moques vraiment de moi ! répondit Cash rapidement. - Non, sérieusement, j’avais vraiment le béguin pour toi. Tu sais, contrairement à ce que beaucoup de jeunes pensent, les jeunes filles gardent toujours leur cœur pour le vaincu, et toi franchement, tu n’étais pas à proprement parler, le super gars dont toutes les filles étaient folles. T’étais toujours fourré ici, dans ton coin, où on ne savait même pas t’approcher. Moi, je t’aimais bien… Mais dis-moi, qu’est-ce que tu viens faire ici ? Tu viens vérifier qu’on ne t’a pas pris ta place ? rigola Mara. On ne fait plus ce genre de privilège maintenant ! - Non, en fait, j’ai un service à te demander. - Si c’est pour m’inviter à manger, tu as le choix dans la date, lui dit Mara avec un clin d’œil plein de sous-entendus. - Ca ne serait pas pour me déplaire, mais pour l’instant, j’ai plus urgent. Cash lui exposa rapidement les faits qui l’avaient conduits en ces lieux et la nécessité de faire au plus vite. - Je comprends maintenant pourquoi Marc ne voulait rien nous dire concernant l’absence prolongée de plusieurs professeurs. Comment puis-je t’aider. - J’ai besoin de trouver le livre Vérité de la Parole, mais je ne sais pas où chercher. - Cela doit être un livre classé dans les rayons Religion. Je pense l’avoir déjà consulté, mais il y a longtemps. Suis-moi Cash ! lui dit Mara. - Mademoiselle, je vous emboîterais bien le pas avec conscience. Mara se retourna en faisant une drôle de tête. Cash se demanda si elle avait compris l’allusion cachée. En quelques minutes, Mara parvint à trouver le livre recherché. Elle le passa rapidement à Cash, mais lui demanda de l’attendre pour l’ouvrir. Elle alla fermer la porte de la bibliothèque à clé et revint près de lui. - Voilà, maintenant, nous serons au calme pour voir de quoi il retourne ! Allez, ouvre donc ce vieux bouquin. Cash s’exécuta. Il feuilleta rapidement le livre, mais ne découvrit rien de particulier. Pas d’annotation, pas de page avec un coin corné, pas de mots soulignés, rien ! - Laisse-moi regarder ! On risque de perdre son tonus en lisant trop ! Mara prit le livre des mains de Cash, mais contrairement à lui, elle ne l’ouvrit pas. Au contraire, elle semblait l’inspecter sous toutes ses coutures. Au bout de deux minutes, elle se leva, partit à son bureau et revint avec un cutter. Cash la vit alors découper la couverture intérieure et en ressortir victorieusement un papier. - Et voilà le travail ! dit Mara toute excitée. Cash l’embrassa sur la joue. Il y eut un moment de silence. Cash ne comprenait pas son geste. Celui-ci avait été impulsif et Cash ne réalisa ce qu’il venait de faire qu’une fois le bisou donné. - Il est chou, et veut qu'on l'aime, déclama Mara. J’aurais préféré ailleurs le bisou, mais c’est un bon début. On verra plus tard, mon Cashounet. Pour le moment, si j’ai bien compris, tu n’as pas vraiment le temps à ça. Tiens, dit-elle en dépliant le papier et en le mettant en face de lui sur la table.
Le papier disait :
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- Le salopard ! Voilà qu’il change les règles en cours de jeu. Que veulent dire ces chiffres ? Cash regardait Mara du coin de l’œil. Il la voyait réfléchir. Elle cogite sans haine, alors que moi je perds pieds. Ressaisis-toi Cash et montre-lui ce que tu es devenu, pensa-t-il en son for intérieur. - Les chiffres ne vont pas plus loin que 26. C’est certainement une espèce de code où les chiffres remplacent des lettres. Mais cela ne donne rien si on les remplace par l’ordre de l’alphabet. Pourquoi « à l’oreille » ? Mara et Cash essayèrent tout ce qui leur passait par l’esprit. Trois heures durant, ils griffouillèrent et déchirèrent des dizaines de feuilles de papier, cherchèrent de l’aide sur le net, feuilletèrent des ouvrages de cryptologie, mais le tout sans succès. Mara commençait à désespérer quand elle entendit Cash crier. - J’ai compris! Cash lui expliqua alors la méthode utilisée pour le codage. - Oh ! L'habile détecteur ! ricana Mara.
Après avoir ensemble décodé le message et avoir trouvé à quoi il correspondait, Mara et Cash n’était pas plus avancés. - Si on ne sait pas ce qu’on doit chercher, on n’a peu de chance de trouver, soupira Mara. - Attends, ne désespère pas. Le ravisseur parle toujours par énigme. Il faut voir où est son indice. Il parle qu’il n’a pas de cœur, de déchirure… - Là, cria Mara en désignant le coin de la feuille. En effet, la feuille était déchirée dans le bas à droite. - C’est sûrement un indice pour trouver où est cachée la seconde partie. Le ravisseur parle justement de « où il est déchiré ». Alors, qu’est-ce que cela veut dire ? La page déchirée ? Le coin déchiré ? Dis-moi tout ce qui te passe par la tête à propos de ça, mon Cashounet ! C’était la deuxième fois que Mara utilisait ce petit mot pour le désigner. Cash aimait cela de plus en plus. Il pensait de moins en moins à la lettre, et de plus en plus à Mara. - Je suis attiré par cette fée caressante, pensait-il intérieurement lorsque Mara le sortit de ses réflexions. - Tu rêves, mon grand ? Allez, une petite séance de brainstorming. Je t’écoute ! - Coin droit, Coin déchiré, Bout de feuille, Déchirure à droite, Bout de papier, Bas droite, Morceau manquant,… tout cela ne mène à rien dit Cash ! - Au contraire, lui répondit Mara en lui touchant le bras. Si ton ravisseur aime jouer par énigme, il ne t’a pas envoyé ici uniquement pour que tu trouves son premier papier. Il doit en avoir caché un autre ailleurs. Le fait de me dire ce à quoi te fait penser ce papier déchiré peut m’aider à me rappeler un autre titre de livre. Allez, continue !... Cash s’exécuta. Au bout d’un moment, elle l’arrêta. - Répète ce que tu viens de dire… - Papier froissé, Papier plié, Angle bas, Angle droit,…. - Oui, c’est ça ! Nous avons reçu dernièrement un traité de géométrie avec ce titre. Ne bouge pas, je vais le chercher. Et Mara partit en courant dans le fond de la bibliothèque. Elle revint rapidement en tenant entre ses mains le fameux livre. Elle reprit son cutter et effectua la même démarche qu’auparavant. Elle en sortit un nouveau papier qu’elle déplia tout aussi vite.
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- Mais ça ne veut rien dire, soupira Mara qui était désespérée. Je fatigue de plus en plus ! Je suis crevée. C’est triste à dire, mais on n’irait pas manger un bout chez moi et réfléchir à cela plus au calme ? demanda Mara. Cash était lui aussi à bout de force. Voilà maintenant environ 30 heures qu’il était sur le pied de guerre et un petit moment de détente lui ferait le plus grand bien à lui et à ses neurones. De plus, combien de fois avait-il rêvé que Mara lui propose cela dans sa plus tendre jeunesse, celle des boutons sur le visage et des gonflements déplacés ? - Allons-y, peut-être que l’inspiration viendra avec un bon repas, dit Cash en se levant et en embarquant le papier.
Quelque part en Belgique, mardi 14 octobre, 14h42
Le repas fut assez sommaire, mais le passer en compagnie de Mara faisait en sorte que Cash s’en rappellerait toute sa vie. Elle s’était changée et avait mis un cache-cœur qui faisait ressortir sa poitrine. - Tu ne m’as pas dit comment tu étais arrivée à travailler dans la bibliothèque. Si je me rappelle bien, tu avais entrepris des études d’institutrice ? demanda Cash. - Oui, et j’ai même été au bout, mais j’ai travaillé dans des écoles où je faisais plus de social que de l’enseignement. Les gosses ne venaient pas en classe pour travailler, mais pour passer le temps. Et, tu sais, il est difficile de trouver la paix au milieu des jurons. Alors, enseigner, je te dis pas. J’ai repris alors des cours pour être bibliothécaire. Et voilà ! C’est tout simple. Cash sentit une grande peine, mais aussi un sentiment de fierté chez Mara. Il l’avait toujours apprécié pour sa force de caractère et sa persévérance. Si elle avait quitté l’enseignement, ce n’était sûrement pas de gaieté de cœur. Mara avait le regard fuyant. Cash la regardait attentivement et se rappelait ce qui l’avait fait craquer chez elle. Ses doigts enroulant ses cheveux, ses beaux yeux verts, ses petites lèvres fermes et son air mutin. Il la regardait avec un grand sourire quand il vit son regard changer. Cash eut peur ! Il se demandait ce qu’il se passait. - Mara ?... Qu’y a-t-il ? demanda Cash. - Viens voir ! lui dit Mara en l’empressant de venir à ses côtés. Regarde le papier. Que vois-tu ? Cash ne comprenait pas. Mara regardait attentivement le dernier mot du ravisseur et marmonnait entre ses dents. - Regarde voyons ! Quand tu parlais d’indice laissé par lui, même dans le titre du livre, il en avait mis un. Angle droit ! Tu comprends ? Cash regarda plus attentivement et la solution lui sauta au visage. Cette fois, ce fut Mara qui l’embrassa, mais pas sur la joue !... - Attendons demain. Viens maintenant. Rattrapons le temps perdu, lui chuchotta Mara en le tirant par le bras et en l’emmenant vers sa chambre. Allons faire ce que tu m’as proposé tout à l’heure en mots déguisés… avec conscience !
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