Quelque part en Belgique, mardi 14 octobre, 5h27

Après une nuit de recherches, entrecoupées d’un petit somme réparateur, Cash avait réussi à trouver le message caché dans la grille lettrée. Il avait pu constater que le kidnappeur ne leur faciliterait pas la tâche.

Maintenant dans les couloirs, Marc le guidait vers la classe de musique qui était inoccupée depuis plus d’une semaine. Malgré son impatience, Cash avait du mal à suivre son ancien professeur, pourtant grassouillet.
- Ralentissez un peu, Marc. J’ai du mal à vous suivre, lui lança-t-il!
- Pas de bonne chasse sans de solides pieds, lui répondit Marc qui ne changeait pas son pas de rythme.
- A vouloir aller plus vite que le son, vous risquez de vous briser la nuque, lui rétorqua Cash avec un sourire en coin.
Finalement, ils arrivèrent devant la classe de Monsieur Foupasune. Le directeur sortit un trousseau de clés de sa poche et après une rapide recherche cliquetante, réussit à trouver la bonne et à ouvrir le local de musique.

Cash le retint avant qu’il ne s’engouffre dans la classe. Pas question de risquer une autre vie. Après s’être assuré qu’il n’y avait aucun danger, Cash rentra, accompagné du directeur. La classe n’avait pas changée. La disposition des bancs et des nombreux instruments était toujours la même. Les photos, jaunies pour la plupart, trônaient au-dessus du tableau comme dans la fin des années 80. Le piano occupait encore une place de choix, bien éclairé par les néons aveuglants. Toujours à la même place lui aussi, à côté du piano, Cash reconnut immédiatement le panneau sur lequel les élèves affichaient différents papiers annonçant les concerts dans la région, papiers encadrant la célèbre maxime du professeur qui servait d’avertissement aux élèves trop zélés de montrer leur talent de chanteur. Depuis tout ce temps, la maxime continuait à proférer sa menace : « Les problèmes de mue font renoncer à la chorale ». Cash avait pris du temps avant de comprendre pourquoi son professeur avait choisi cette phrase plutôt qu’une autre. Surtout qu’à leur âge (16-17 ans), les problèmes de mue étaient passés. Cash lui avait demandé un jour, à la sortie d’un cours, s’il ne s’agissait pas plutôt d’un autre problème. Monsieur Foupasune l’avait regardé et lui avait fait un clin d’œil, exprimant par là que Cash avait réellement compris ce contre quoi leur professeur les mettait en garde.

Mettant de côté ses souvenirs, Cash commença à chercher ce que le kidnappeur aurait pu laisser comme indice sur le piano. Lorsqu’il souleva le couvercle du clavier, un papier tomba. Cash le ramassa aussitôt et le lut. Sur celui-ci était notée une phrase bizarre.

Ma maxime : « La musicienne a crié au vol, derrière le piano »

- Qu’est-ce que cela signifie, demanda Marc à Cash ? Qui est cette musicienne ? Et quel rapport avec le ravisseur ?... Ah, à moins que l’on doive chercher derrière le piano… Je vais le bouger en le… mais Cash l’arrêta dans son élan.
- Non ! Il joue avec nous. C’est un moyen de nous dire où il a caché le véritable indice. Et je crois avoir compris… lui dit Cash en allant décrocher le panneau où se trouvait la maxime de la classe. En retournant ce dernier, Cash trouva une enveloppe.
- Mais comment as-tu su que ça se trouvait là ? dit Marc la bouche grande ouverte.
- Lis bien la phrase écrite sur le papier. Tout comme la maxime de Monsieur Foupasune, c’est une contrepèterie. Le kidnappeur nous dit que sa maxime est « La musicienne a crié au viol derrière le panneau ». Et effectivement, en le kidnappant, il a violé tous les bons souvenirs de cette classe. Regarde ce qu’il nous laisse cette fois comme indice, une partition de musique pour piano.

http://www.prise2tete.fr/upload/ash00-MN2partition.jpg

- Mais qu’est-ce qu’on peut faire avec une partition de musique ?
- Tu serais étonné d’apprendre tous les messages qu’on peut faire passer dans une partition. Dans une de nos dernières enquêtes, cela avait permis à un vaurien de signaler à son chef qu’il avait réussi à empoisonner le café dans les locaux du commissariat. Heureusement, mes amis et collègues  Gadjo et Malandrin avait réussi à décoder le message et avait ainsi prévenu une tragédie. Malheureusement, ici à première vue, le code n’est pas le même.
- Peut-être en la jouant, cela nous éclairera, proposa Marc. Mais je t’avoue que je suis allergique au solfège. Ne compte pas sur moi là-dessus.
Cash s’installa alors au piano et commença à jouer les notes de la partition.
- Arrête Cash !!! C’est affreux. Tu fais semblant de savoir en jouer, n’est-ce pas ?
- Non, ce n’est pas ça ! maugréa Cash. Cela n’a aucun sens… Les notes ne forment pas une mélodie harmonieuse. Pourtant, rien de bien compliqué… Deux octaves, main gauche main droite. Qu’est-ce que j’oublie ? Il y a autre chose… Déjà le titre paraît louche : « Les douches tièdes », qu’est-ce que ça peut-être comme musique?.. Cash rageait. Le temps passait et il ne trouvait toujours pas où était l’astuce. Il finit par se lever et faire les cent pas. Il s’arrêta pour remettre à sa place le panneau qu’il avait posé sur un banc. Il n’y avait qu’un flyers punaisé au tableau. Celui-ci attira son attention.

http://www.prise2tete.fr/upload/ash00-MN2Flyers.JPG

- C’est étrange ! L’indication People die et les 4 croix en rouge. Ca ne peut être une coïncidence ! C’est un message ! Tu connais ce groupe ?  dit Cash.
- Oui. Ce sont des anciens élèves de l’établissement. Ils sont fortiches comme musiciens. Ces guitaristes ont de solides barrés quand ils dièsent. Cash se mit à rire. C’était pour lui le moyen d’évacuer la pression et le stress qui s’étaient accumulés. Toujours ces jeux de mots, se dit-il !
- C’est bizarre, mais on a gribouillé leur nom, dit Marc en examinant de plus près le flyers et en le montrant à Cash.
- Mais oui, voilà la solution ! Je comprends mieux le titre maintenant! Là encore, cela montre que nous avons affaire à quelqu’un de cultivé et qui joue avec les mots. Ce n’est pas entièrement en termes musicaux que l’on doit réfléchir… Cash se remit au clavier, mais ne le toucha plus.
Marc le vit prendre un bic et commencer à annoter la partition. Cash marmonnait tout bas ses notes de musique et son alphabet en regardant les touches du clavier. Le directeur se demandait ce qu’il était en train de faire et était prêt à le secouer quand Cash se mit à jouer l’hymne à la joie de Beethoven sur le piano.
- Cash, tu vas bien ?... osa à peine le directeur.
- Pom pom pom pom ! Je n’ai jamais été aussi bien, Marc. J’ai trouvé l’indice que le ravisseur nous a laissé. Ca ne peut pas être une coïncidence quand on analyse ce qu’on obtient. Allez, en route pour la suite.