Quelque part en Belgique, mercredi 15 octobre, 17h27
- Peux-tu me dire où tu m’emmènes ainsi ? souffla Cash entre deux bouffées d’oxygène.
Mara courait comme une folle. Cash avait l’impression que Mara était plus excitée qu’angoissée. Le jeu de piste pour le moment ne semblait pas dangereux, mais Cash s’attendait à ce que le ravisseur devienne moins compréhensif et commence à devenir mauvais joueur. Ils avaient déjà réussi plusieurs de ses tests et si le ravisseur était dans les parages, il était fort possible qu’il ne prenne pas leur progression avec le sourire.
- Allez Cashounet, nous sommes bientôt arrivés.
Cash allait s’arrêter pour reprendre un peu sa respiration, quand il vit Mara s’arc-bouter contre une porte et essayer de la défoncer.
- Tu veux jouer à la déménageuse ? Ou tu me fais un remake de Lara Croft ?
- Viens m’aider au lieu de me montrer ta culture post-adolescente.
- Vise la bête ! dit Cash pour s’encourager. Mais dis-moi au moins ce que tu veux faire ? Que je ne me fasse pas une déchirure pour rien, déchirure que tu serais obligée de soigner par la suite… Cash mit cette idée de côté et se promit de la réutiliser à la fin de l’enquête.
- Il y a quelques années, le directeur avait donné aux élèves de dernière année un local pour eux se détendre. Ceux-ci, au début, furent emballés et l’aménagèrent (de moins de 50 ans ) confortablement, amenant tout ce qui était utile pour eux passer du bon temps. J’ai participé à la rénovation de cette pièce. J’y ai même été invitée par la suite pour différents concours de jeux de société que les élèves organisaient entre eux. C’est grâce à ça que j’ai fait le lien avec les génériques des jeux télévisés. Ces jeux télévisés n’existent plus, tout comme les jeux qu’il y avait avant dans ce local. Ben oui, malheureusement, comme c’est assez souvent le cas avec des jeunes de cet âge, certains en ont profité et ont ramené alcool et cigarettes dans ce local de détente. On a même dit que de la drogue avait circulé ici. Le directeur n’a pas eu d’autre choix que de le fermer. Avec les différents aménagements que l’école a subis, cette aile du bâtiment fut fermée aux jeunes. Les nouvelles classes furent construites dans les nouveaux bâtiments et pour éviter que des gens viennent squatter les locaux, le directeur ordonna de barricader les portes de l’intérieur. Ceux qui l’ont fait sont morts de faim et de soif dans les classes….
Voyant que Cash réfléchissait à ce qu’elle venait de dire, elle rajouta :
- Arrête de réfléchir au sens de mes propos, je déconnais à la fin ! Il faut savoir prendre les choses en riant.
- J’avais compris, je réfléchissais seulement à un moyen d’entrer, lui répondit Cash avec son air le plus sérieux, qui, si on devait le décrire, faisait penser à un hippopotame en pleine séance de diagox ( à mon testeur!).
Il leur fallut dix minutes pour se rendre compte que seul un marteau et un pied de biche les aideraient dans leur entreprise de démolition. Et il leur fallut encore trente bonnes minutes pour en trouver un de chaque dans l’établissement.
- Vas-y, Cashounet, montre-moi que tu n’as pas que le cerveau qui marche dans ton petit corps.
- Admire le grand C(l)ash !
En deux temps trois mouvements… et quelques noms d’oiseaux, Cash réussit à faire pivoter suffisamment la porte pour qu’ils puissent pénétrer dans la pièce.
Cash trouva l’interrupteur et alluma. La pièce était vide, à l’exception d’une table avec un ordinateur portable et un jeu d’échec. Ils s’en approchèrent. Sur le portable était collé un Post-it qui disait : « Allumez-moi ! ».
Cash ouvrit le portable et appuya sur le bouton Marche/Arrêt. L’ordinateur se mit en route. Après quelques secondes, la page d’accueil demandant le mot de passe s’activa.
- Mer**, lâcha Mara. Qu’est-ce que ça peut bien être ? Y a des milliards de combinaison, et pas une ne me vient à l’esprit. Toi, t’as bien une idée mon Cashounet…
- Non, pas vraiment ! Mais j’imagine que la solution n’est pas loin. Et comme il n’y a rien d’autre dans cette pièce que cet ordinateur et le jeu d’échec, je pense que le jeu d’échec doit nous donner le mot de passe.
- T’as déjà joué aux échecs, toi ? Moi, à part les dames, où je suis fortiche, le reste m’est inconnu.
- J’ai quelques notions depuis une certaine 40E.
- Qu’est-ce que tu racontes Cash ? C’est quoi « 40E » ? La taille d’un bonnet de soutien-gorge ? Elle devait être difforme, cette pauvre femme…
- Non, je t’expliquerai une autre fois. Pour le moment, soyons attentifs !
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Pendant les minutes qui suivirent, Cash se concentra sur le plateau et essaya de trouver une logique à ce qu’il voyait. Il essaya des positions, les noms des pièces, le nom des grands joueurs de ce siècle, mais rien n’était validé. L’heure tournait. Mara s’était couchée à même le sol et attendait un quelconque mouvement de la part de Cash. Soudain, Cash se leva.
- J’ai le sang qui bout. Je ne trouve rien qui aille. Je me sens nul !
- Calme-toi mon Cashounet ! Je suis certaine que tu finiras par voir ce que le ravisseur a laissé comme indice. Moi, quand je regarde le plateau d’ici, je ne vois qu’une flèche, alors !...
- Une flèche ?... Mais…
Cash se remit à fixer le plateau et au bout de 5 minutes, il avait enfin trouvé le mot de passe.
Il tapa celui-ci dans la case et appuya sur Return. Une image apparut.
Taper ici le mot de passe que Cash a trouvé à la place des étoiles, le tout en minuscule.
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- Kesako ? demanda Mara.
- C’est le plateau d’un jeu de Go, un jeu très ancien, qui pour certains, est encore plus ingénieux que les échecs.
- Et t’y as déjà joué, je suppose !
- Malheureusement non ! J’en ai un chez moi, mais il est toujours resté à l’abri dans un carton poussiéreux. Mais les règles ne sont pas très compliquées. Le but est de former des ensembles d’intersections vides, qu’on appelle territoires. Je pense qu’avec ce jeu, le ravisseur veut nous montrer que nous sommes sur son territoire et que c’est lui qui instaure les règles du jeu. Mais là, il commence sérieusement à me gonfler.
- Quelle poésie tout à coup, lui reprocha Mara.
- « L’artiste a dans son cœur comme un rameau nu » te semble mieux correspondre à l’ambiance du moment ?
- Comme toujours, tu ne sais pas t’en empêcher Cash !
- La poétesse aime les vers belges, apparemment !
- Rhooo, dit ! Allez, cherche plutôt ce qu’il faut trouver au lieu de dire des âneries.
- Le problème c’est que je n’en ai pas la moindre idée. Le plateau ne m’inspire rien. Je dois être aveugle !
Mara lui mit un doigt sur la bouche. En plus d’être aveugle, il était maintenant muet. Mara toucha l’écran du doigt et finit par lui faire un clin d’œil.
- Tu as trouvé ? lui dit Cash avec étonnement. Ce n’est pas possible !
- Ce n’est pas parce que tu ne vois rien que moi je dois fermer les yeux.
- Alors, dis-moi !... Vite !...
Mara le fit mijoter encore pendant quelques minutes. Elle adorait le voir la supplier.
- A cette heure, si Marc n’est plus là, nous n’aurons pas accès à cette pièce. Attends, je vais essayer de le contacter.
Mara sortit son GSM de sa poche et fit le numéro du directeur. Elle laissa sonner, mais n’obtint aucune réponse.
- Marc, si tu as ce message, rappelle-moi vite. Cash et moi avons trouvé où nous devons nous rendre, mais nous avons besoin de toi. Tu seras bien surpris quand tu le sauras aussi. Fais vite !
- Tu vas me dire finalement ce que tu as trouvé ? insista Cash qui fulminait d’impatience.
- Je te dirai ça chez moi, car maintenant, la pièce n’est plus accessible. Mais il faudra que tu sois très gentil… Je me suis luxé un muscle, là, dans le bas du dos, et j’aimerais un petit massage, fit Mara avec son petit air espiègle.
- Tu me prends par les sentiments, là. Allons vite alors te soigner.
- N’oublie pas les cachoux, mon pote !
Cash lui fit une petite tape sur le fessier avant de passer son bras autour de la taille de Mara.
- Oui, c’est juste là que j’ai mal ! lui lança Mara avant de l’embrasser.