Gadjo a un coup de blues, cette enquête lui bouffe la vie
Un œil fermé par la fumée s’échappant d’un mégot coincé à la commissure de ses lèvres, il se défoule sur Jail’s blues.
Lassé par la rengaine, Il plaque quelques accords lancinants sur sa guitare en déchiffrant péniblement une tablature donnée pas Brooks.
Il crie, clopant. cherchant à imiter un guitariste bien connu.
La musique du Delta l’accapare faisant saigner ses doigts et son âme.
Par la fenêtre entrebâillée, le brouhaha du commissariat sur le pied de guerre, ne parvient pas à le sortir de son spleen.
Dans la pièce voisine, Betty qui s’apprêtait à enfiler son uniforme, est attirée à la fenêtre par le verbe de Papièchau qui vitupère ses troupes encore sonnées par l’épisode précédent.
La preuve
Troublés par l’apparition de Betty, les agents de police ont du mal à se concentrer sur le discours de leur chef.
Nous n’avons plus droit à l’erreur ce coup-ci, la réputation de la France est en jeu.
Il parle de la douleur des quarts aux recrues que l’on accuse à peine enrôlées.
- A Auch, va se tenir une réunion des grands chefs cuistots Français.
Ils doivent effectuer une démonstration de leurs talents devant un par terre de tous les chefs d’états Européens.
Il est plus qu’important que cela se passe sans la moindre anicroche ! Fantauch est une crapule qui s’est cachée avant qu’on la fouille !
A l’entendre Betty pense que le sexagénaire n’est décidément pas sans gêne.
Gadjo, dans son bureau semble bien éloigné de tout ça.
Mélancolique, il caresse les flancs de sa guitare en rêvant à d’autres courbes quand soudain, un sourire se dessine sur ses lèvres.
Par la porte entrebâillée, il entend Cash qui se précipite vers son bureau et …..
Plouff , le seau d’eau, posé en équilibre arrose copieusement l’inspecteur.
-Ha ! C’est malin !
-J’en ai marre que tu martyrises cette porte à chaque fois que tu rentres dans mon bureau !
Cash referme la porte
-Et Vlan. Passe moi l’éponge Fernand !
Et oui Gadjo se prénomme Fernand. Son cœur appartient à Betty, c’est le Fernand d’elle.
-Encore un CD de Brooks mon vieux, la DST ne te lâche plus. Lance cash. Tu m’excuseras, la pochette est mouillée..
-M**de, ce n’est pas vrai, encore du taf !
Gadjo résigné,range sa guitare et enfourne la galette dans son micro. Il clique sur le premier fichier.
Gadjo, voici le détail de votre prochaine mission. :
Nous avons intercepté un message incompréhensible qui est maintenant en possession de l’inspecteur Nopin
Nous avons également le contenu d’une lettre retrouvée dans un des livres cachés dans la caravane de Fantauch.
Pour des raisons de sécurité évidentes, ces fichiers sont protégés.
Le mot de passe est le prénom du guitariste bien connu pour le premier et le nom pour le second.
Signé : A. Mel Brooks
Gadjo jette un dernier regard vers sa guitare, éteint le mégot coiffe son chef au maintient altier avec son chapeau gris perle, enfile à la va vite son imperméable et file vers l’ancienne planque de Fantauch
Arrivé au hangar, il finit par repérer prés du quai d’expédition des tonneaux rouillés. Ceux-ci portent des références pour le moins abstruses.
Il trouve le coffret de commandes et suit méthodiquement les instructions.
Après de nombreux grincements, les tonneaux sont replacés et Gadjo, pas tombé de la dernière pluie parvient à déchiffrer un message.
Depuis l’usage abusif du code scout, Fantauch devient plus fin dirait on.
Il ne suffit plus de décoder tranquillement affalé sur une banquette…
Gadjo qui a reçu beaucoup de leçons de la part de Malandrin, a quelques notions concernant ce chiffre peu utilisé.
Un coup de fil passé à Betty lui confirme qu’il n’a pas assez d’éléments pour faire sauter le cryptage.
Arpentant de long en large le quai d’expédition, il remarque traînant par terre deux pages de journal.
-Pffff, tout ça pour ça !
-Bon, j’ai le nom du code, 2 éléments servant à son décryptage, il n’ y a plus qu’à se mettre au travail.
Par la porte ouverte du hangar il se rend compte que la luminosité a baissé et le son mélancolique de l’angélus lui confirme l’heure tardive.
-Bon, y en à marre, je vais rater Derrick à la télé.
Il rassemble tout ce qu’ il a trouvé dans une enveloppe et d’un coup de voiture va glisser cette dernière dans la boîte aux lettres de son collègue Nopin.
Satisfait, il rentre chez lui, met ses pantoufles, se sert un petit Armagnac et allume la télé.
Il décroche son téléphone pour prévenir Nopin.
-Au boulot mon pote, chacun son tour !