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Résumé de la discussion

MthS-MlndN
01-05-2010 16:30:12

Pour ceux qui ont raté le début :

Episode 0 :
www.prise2tete.fr/upload/MthS-MlndN-malandrin3-ep0.pdf

3

A première vue, l'endroit n'avait rien de particulièrement exaltant. L'arrondissement semblait très classique, ressemblant à la majorité des lieux parisiens : des rues qui sentent l'urine, écrasées sous un air qui sent la pollution et le diesel brûlé, avec, vulgairement plantés au milieu, des immeubles de cinq ou six étages posés comme des briques sur une flaque de mazout.

J'exagère un peu, se dit Malandrin, ça a quand même du chien, par ici. En effet, sous la montagne de préjugés bien provinciaux que Malandrin avait accolés à la capitale, le quartier se laissait très bien regarder. Contrairement aux encravatés des heures de pointe qui se bousculaient aveuglément tels des poissons rouges massés dans un bocal trop petit, les autochtones se laissaient aller à une sorte de nonchalance qui les rendaient naturels… presque humains. Certains se disaient même bonjour. A la décharge de ces aborigènes apparemment insoucieux, une ou deux rues pavées, filant droit entre des bâtisses datant visiblement de deux à trois siècles, semblaient plus inviter à la déambulation sifflotante qu'à la marche au pas.

Quant à la femme qui accueillit Malandrin devant l'imposant immeuble victorien, sa bouche semblait plus faite pour les baisers que pour les ordres. Et ces yeux…, pensait Malandrin avec un pincement au coeur très perceptible, mon Dieu, deux pures émeraudes… je pourrais m'agenouiller devant une beauté mille fois plus fade. Elle le regarda brièvement passer, s'attendant visiblement à quelqu'un qui aurait une autre allure. Les cheveux longs et la longue veste en cuir ne lui donnaient apparemment pas l'air d'un inspecteur de police, alors il s'approcha et sourit.

"Vous êtes Mademoiselle Hoche, la conseillère principale de l'institut Robert Kock ? (Elle opina, l'air surpris.) Inspecteur Malandrin.
- Ah ! bonjour inspecteur, répondit la jeune femme dans un sourire qui cloua Malandrin sur place, bien qu'y pointât un semblant d'inquiétude très compréhensible. Dépêchons-nous de rentrer, ce qui arrive n'est pas bon pour la réputation de notre école."

Le prenant par le bras, elle le tira avec douceur vers l'intérieur de la bâtisse et claqua la porte derrière eux.

"La jeune fille qui a trouvé le corps est un peu… chamboulée… je lui ai dit que personne ne la dérangerait avant ce soir. Si possible même, je pense que… enfin… (La jeune femme rougissait à moitié.) Je pensais qu'il serait bon de la laisser tranquille aujourd'hui, non ? Je ne veux pas faire votre métier à votre place, mais… elle avait l'air vraiment…
- Pas de problème, coupa doucement Malandrin. Je vais la laisser respirer, la pauvre. Elle doit être très secouée. (Par réflexe professionnel, il continua.) Généralement, les indices les plus importants sont sur le lieu du crime, alors pas la peine de la déranger tout de suite. (Se disant que cette dernière phrase paraîtrait très froide par rapport aux précédentes, il se reprit.) Ce n'est jamais évident de voir ce genre de choses, surtout à un si jeune âge.
- Oui, opina Mlle Hoche d'une voix teintée d'émotivité mal dissimulée. Dix-huit ans tout juste… je n'arrive pas à imaginer ce que ça a pu lui faire ressentir."

Elle redressa la tête, se força à sourire, et salua deux superbes jeunes femmes (dix-huit, dix-neuf ans ? deux blondes, l'une un peu rondelette, l'autre au profil aquilin, toutes deux dotées d'yeux d'un bleu cristallin).

"Bonjour, mesdemoiselles ! Vous avez bien lu le tableau d'informations ? Le cours de Madame Piaffe est reporté à la semaine prochaine.
- Oui, mademoiselle Hoche, gazouilla l'une des deux, on a vu, merci beaucoup !
- Bon après-midi !" répondit l'autre d'une voix un peu plus grave, pleine de confiance, presque… érotique.

Pour des raisons de respectabilité, Malandrin se retint de se retourner pour contempler les deux naïades, tandis qu'elles gagnaient le hall d'entrée du bâtiment avec un déhanché dévastateur.



4

Une cloche tinta quelques fois, annonçant dix heures et le début du deuxième cours de la matinée (élèves de première année : fonctionnement du coeur humain avec le Docteur Martin ; deuxième année : épidémiologie avec Madame le Docteur Lartigue ; troisième année… le nom de la matière était incompréhensible au faible niveau de connaissances de Malandrin, qui cessa là sa lecture). Dominique Porta, l'inspecteur de la criminelle envoyé le rejoindre, venait d'arriver sur les lieux, dix minutes après Malandrin. Mlle Hoche les fit entrer dans une grande pièce carrelée, ornée de trois WC et d'autant de lavabos, disposés devant un immense miroir. Les deux jeunes pompiers, premiers appelés sur les lieux, quittèrent la salle exiguë en les saluant. Mlle Hoche ferma soigneusement la porte derrière eux.

A terre gisait le corps de Cindy Carlot, vingt ans, splendide brune à la taille élancée, dont la courte jupe blanche laissait dépasser des jambes fines et graciles, dont la poitrine aurait été d'une délicieuse provocation si elle n'avait pas eu, pile entre ses deux seins ronds, la lame d'un couteau de cuisine, enfoncée presque jusqu'au manche. Elle était sur le dos, les jambes serrées, alignées avec son corps, et les bras à la perpendiculaire, dans une position christique. Le tueur a dû forcer comme un âne pour rentrer la lame ici, se dit Malandrin. Ce n'est pas cette blessure qui l'a tuée. Elle est juste là pour l'image. Elle fait partie de la mise en scène. Et, immédiatement après : On ne trouvera pas d'empreintes sur la lame. Les contusions visibles sur ses jambes sont sans nul doute post-mortem. Puis, encore : Il faudrait déterminer par où elle a été amenée jusqu'ici, et ce qui l'a tuée… sans doute un poison.

"Avez-vous touché à quelque chose ? demanda Malandrin à Mlle Hoche, volant à l'inspecteur Porta ce qui aurait dû être sa première réplique.
- Non, rien du tout, répondit-elle, mal à l'aise. (La façon dont elle évitait le corps des yeux, et le semblant de nausée qui perçait dans sa voix, semblait corroborer ses dires.) Apparemment, Carla, euh…
- Qui est Carla ?
- La jeune femme qui a découvert le corps. Elle m'a raconté qu'elle l'avait saisi, secoué, qu'elle avait donné quelques gifles, en espérant la réveiller… (Un sanglot, discret mais perceptible, écorcha ce dernier mot.)
- Pas de problème, Mademoiselle, fit Porta. Vous pouvez sortir si vous le souhaitez. Nous refermerons à clé derrière nous et nous viendrons à votre bureau."

Mlle Hoche opina, et sortit de la pièce sans demander son reste. Après avoir échangé ses premières impressions avec l'inspecteur de la criminelle, il enfila une paire de gants en latex et, tandis que Porta se livrait aux premiers prélèvements, il fouilla méthodiquement les affaires de la jeune femme. Diverses paperasses en ressortirent, dont une courte note manuscrite qui l'inspira directement.

Laissant l'autre inspecteur à ses petites affaires, il sortit de la salle de toilette, s'appuya sur le mur extérieur et regarda passer quelques étudiantes. Difficile d'enquêter sur un meurtre sans se laisser déconcentrer par la beauté qui irradiait de ces jeunes femmes. Pas toutes, certes, mais parmi les quelques-unes qui passèrent devant lui, deux faillirent le faire tomber à la renverse. Il était affolé par leurs courbes généreuses, et là où les "deuxièmes cerveaux" de certains n'auraient hurlé que des insanités à leur direction, ses hormones faisaient ménage avec son émotionnel un peu niais pour former un cocktail perturbant et enivrant.

Une grande inspiration, une grande expiration, et il fit sauter temporairement le fusible de ses pulsions romantico-sexuelles pour contempler, carnet de notes à la main, le petit papier manuscrit qu'il avait trouvé, plié en quatre, dans la poche droite du chemisier de feu Mademoiselle Cindy Carlot :

http://www.prise2tete.fr/upload/MthS-MlndN-malandrin3-ep1-papier.jpg

Malandrin aurait parié qu'aucune de ces quatre filles n'existait. Leurs initiales, en revanche, ainsi que leurs fins en "-ine", étaient plus qu'évocatrices. Il disposa proprement les quatre suites de 1 et de 0, bien alignées, colonne après colonne, précédées des initiales des prénoms. Il en déduisit une liste de lettres qu'il put transcrire/traduire "de mémoire" (et à l'aide de Google, qu'il consultait depuis l'iPhone que le commissariat lui fournissait) en un message visiblement crypté, lui aussi. Un code vieux comme le monde, ou presque : un, deux, trois, Malandrin remonta finalement au message originel.

Deux mots, qui ne lui apportaient rien du tout. Mais alors, vraiment rien. Un message flou, qui ne faisait que le mettre exactement face à ce qu'il cherchait. Comme si ses recherches l'avaient seulement remis face à leur cible…

L'inspecteur Porta sortit de la salle de toilette, se dirigeant vers une entrée dérobée où des hommes attendaient son feu vert pour emballer le corps et l'emporter avec eux. Il connaissait déjà assez Malandrin, ayant travaillé avec lui sur une dizaine de meurtres, pour savoir que sa sortie de la salle était en soi une preuve qu'il ne voulait plus examiner le corps.

Malandrin verrouilla la porte. Confus, il se dirigeait vers le bureau de Mlle Hoche lorsqu'une illumination lui vint. Pas celui de Cindy, non… celui de… Ses cours d'histoire, si loin fussent-ils, lui avaient au moins laissé ce souvenir-là. Il avait un nom ; peut-être un pseudonyme de quelqu'un que Cindy connaissait ? ou une comparaison qui devait, de près ou de loin, évoquer quelqu'un qu'elle avait rencontré ? Il faudrait interroger quelques amies de feu Cindy, recouper cet indice avec d'autres… mais la première piste était là. Six petites lettres qui donneraient peut-être à Malandrin deux jours d'avance sur les résultats d'analyses de la crim'.






NB : ben oui, je suis de plus en plus verbeux... Désolé roll
NB2 : ma boîte à MP est grande ouverte smile

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