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Malandrin ne dit rien de très significatif à la belle, ravissante, somptueuse, désirable Mlle Hoche. La drague ne faisant pas partie de son vocabulaire, il ne trouva pas non plus de stratégie de séduction particulièrement efficace. Il se contenta de donner les quelques instructions standard ("si quoi que ce soit vous revenait en mémoire, n'hésitez pas à m'appeler", dut-il préciser, comme à chaque fois, et à deux doigts de rajouter "et si vous voulez qu'on boive un café quelque part, n'hésitez pas non plus"), puis s'éclipsa en direction de sa chambre d'hôtel, qui lui servait également de bureau, salle à manger et fumoir -- ce à quoi la direction de l'hôtel devait sans nul doute être farouchement opposée, mais il s'en fichait complètement.
Durant le trajet (trois minutes trente à pied), il jeta un coup d'oeil aux autres papiers qu'il avait trouvés dans les affaires de la victime. Rien de particulier, lui semblait-il. Le nom de Brutus lui trottait dans la tête sans qu'il ne puisse s'en séparer ; et naturellement, lorsqu'il fut arrivé à sa chambre, sa première recherche fut sur ce nom. Y avait-il quelqu'un dans l'entourage de la victime que l'on surnommât Brutus ? A vrai dire, il semblait n'y avoir même personne qui méritât ce surnom ; la famille et les amis de Cindy étant, soit des femmes, soit des freluquets, et parfois même les deux. Le véritable Brutus, celui qui avait participé à l'attentat meurtrier contre son père, avait-il un message à faire passer ? Deux minutes trente de Wikipedia n'amenèrent aucun embryon de réponse à Malandrin.
L'inspecteur Porta lui avait laissé les clés de l'appartement de Cindy Carlot, à deux pas de son école. Il changea donc de direction, décrétant qu'il repasserait à l'hôtel plus tard. Cindy avait vécu seule dans un vingt mètres carrés au troisième étage d'un immeuble relativement quelconque, apparemment. Lorsqu'il y entra, il n'y reconnut pas vraiment un logement à proprement parler. La décoration était trop sobre, trop creuse. Il était étonnant que quelqu'un qui avait vécu plus d'un an dans le même appartement n'y eût pas apposé plus de posters, d'objets décoratifs… Un mur, particulièrement, était nu. Malandrin repéra, en s'en approchant, de minuscules trous de punaises, un peu partout, par dizaines, à peine visible dans la moquette murale rouge bordeaux. Quelqu'un était-il venu dépouiller cet appartement ? Rien ne l'indiquait : pas de serrure forcée, de vitre cassée ; pas de traces de lutte, ou de précipitation quelconque ; pas de traces de pas ; rien. Malandrin grava ce mur rouge, et la géométrie incertaine des trous de punaises qui le constellaient, quelque part dans sa mémoire.
Il alluma ensuite l'ordinateur qui trônait sur le bureau de Cindy. En attendant que le démarrage soit accompli, il jeta un coup d'oeil aux affaires de feue la jeune fille. Des pochettes de cours élégamment rédigés, quelques photos de famille -- toujours le plus difficile à regarder, lorsque l'on visite l'appartement d'une morte -- et deux ou trois brouillons divers, ornés de vocables et de schémas auxquels Malandrin ne comprenait rien. Décrypter une séquence ADN était le maximum qu'il savait faire. Brutus… quel rôle pouvait-il bien avoir à jouer, celui-là ?
Au lieu du classique écran de démarrage Windows auquel Malandrin s'attendait, une simple invite de commandes, tout en français, s'afficha :
Malandrin tenta différents mots, qui lui apportèrent tous des erreurs. Au quatrième essai, cependant, il obtint un début de résultat :
Très dubitatif pendant quelques secondes, Malandrin se souvint ensuite de Brutus, ce qui lui permit de comprendre les chiffres qu'il avait sous les yeux. Il put donc traduire sa commande en ce que l'ordinateur attendait. Huit chiffres lui donnèrent accès au contenu de la machine.
http://www.prise2tete.fr/upload/MthS-Ml … ******.pdf
Ma boîte à MP est ouverte, comme toujours 
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