Selon le CNRTL, ça se discute...
Fais ton choix!
Après que, loc. conj.
− Suivi de l'ind. :
31. ... par conséquent nous ne nous les [nos actions] rapportons point à nous-mêmes, ni pendant que nous les faisons, ni après que nous les avons faites; ... Cousin, Hist. de la philos. du XVIIIes.,2, 1829, p. 499.
32. Ce soir-là, après qu'ils eurent mangé leurs pommes de terre et terminé leur chétif dîner, les trois frères demeurèrent réunis. Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 267.
33. Après que j'avais fait mes gammes, mes arpèges, un peu de solfège, et ressassé quelque morceau des bonnes traditions du pianiste, je cédais la place à ma mère qui s'installait à côté de Mllede Gœcklin. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 357.
34. Mais un tel mouvement ne me semble possible que dans longtemps, après que la guerre aura causé au monde bien plus de maux qu'elle n'a fait encore. Benda, La Trahison des clercs,1927, p. 237.
− Suivi du subj. :
35. Telle avait été en tout ceci l'innocence du professeur que beaucoup de Coustous, dont aucun n'avait voulu assister au mariage, affectèrent de répondre à son salut après qu'il eût trahi. Mauriac, Génitrix,1923, p. 333.
36. Si elle n'osait pas dire quelle place il occupait dans son cœur, ses lettres me le laissèrent apprendre après qu'il l'eût quittée à jamais, et aussi certain éclat de larmes, au lendemain de l'enterrement de mon père. Colette, La Naissance du jour,1928, p. 16.
37. Le lendemain matin, tandis qu'Yves buvait son chocolat dans son lit, après que son grand-père fût venu l'embrasser (...) on parla d'abord de Napoléon, ce qui était entre la grand-mère et le petit-fils un sujet suivi de conversations, de controverses, de méditations et de perplexités en commun. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 118.
38. Après que tu m'aies abandonnée, j'ai d'abord fui le couvent pour la montagne. Camus, La Dévotion à la croix,adapté de Calderon de la Barca, 1953, p. 578.
Rem. Pourquoi le développement du subj. avec après que dep. le début du xxes.?
M. Stéfanini, en 1953, ds Remarques sur la syntaxe d'après que en fr. mod. estimait que chez les sujets qui emploient tantôt l'ind., tantôt le subj. avec après que, le subj. ,,exprime un procès dont la réalité ne peut faire aucun doute, dont la réalisation est garantie par après que, mais il permet de le considérer dans le temps in fieri, qui est en train de se faire pour aboutir au temps in esse, où se déroule (s'est déroulé ou se déroulera) le procès principal.`` (p. 79). ,,En se faisant suivre du subjonctif, après que conserve, dans toute la mesure du possible, sa symétrie avec avant que qui, grâce au discordantiel pouvait déjà établir entre deux faits un lieu non seulement temporel, mais idéel.`` (p. 83). En 1955, ds Nouvelles remarques sur la syntaxe d'après que, il s'efforce d'expliquer pourquoi un vaste public a manifesté un tel empressement à adopter la nouvelle tournure. Avant que et après que ,,ne datent pas avec précision le procès exprimé par la principale (...) mais le situent simplement comme antérieur ou postérieur à un autre procès qui ne coïncide pas avec lui. Dans les deux cas, on établit entre les deux faits un rapport de consécution (...); avant que diffère, retarde l'arrivée, après que ne la fait pas attendre. Mais la chronologie de raison reste la même : les deux locutions placent identiquement deux événements à la suite l'un de l'autre.`` (pp. 125-126). ,,On a dégagé des deux locutions cet élément commun qu'elles établissent une chronologie de raison, qu'elles mettent « en suite » deux procès, et qu'elles le font en situant dans l'en deçà d'un événement le fait à dater, qu'elles semblent donc comporter une sorte de jugement critique sur le juste moment de survenance du procès. (...) [La langue] néglige les raisons puissantes qui justifient l'emploi de l'indicatif avec après que, pour ne retenir que la nuance de critique implicite qu'elle contient (...).`` (p. 136).
La langue réalise ainsi une tendance à la symétrie entre deux constr. de sens opposé, dont l'oppos. semble suffisamment marquée par les loc. conjonctives.
Pour M. Wilmet, ds Après que suivi du subj., 1969, après que ,,oblige l'usager du fr. mod. à saisir l'événement subordonné par sa séquelle verbale. Comme les tiroirs composés de l'indicatif ne suffisent plus à marquer l'aspect extensif, l'habitude s'installe de recourir au mode subjonctif, − où les formes simples et les formes composées constituent toujours des couples aspectuels véritables −, en sacrifiant ainsi l'expression du temps (au demeurant assurée par la conjonction) à celle de l'aspect (...) Le mode subjonctif, presque insensible à la notion de temps, fournit (...) une solution unique joignant la simplicité à l'efficacité.`` pp. 37-38.