Commissariat des Pierette, vendredi 24 octobre, 9h31

Cash était revenu travailler à contrecœur. Il faut dire que son week-end en compagnie de Mara l’avait complètement épuisé. Il aurait bien aimé le passer entièrement au lit, mais Mara ne tenait pas en place et avait voulu l’emmener faire des activités de tout genre. Les journées avaient été bien remplies, heureusement les nuits aussi. C’est la raison pour laquelle il était sur les genoux encore aujourd’hui.

Cash n’avait pas eu l’occasion de retourner à l’école pour prendre des nouvelles des professeurs, mais il avait reçu un mail rassurant de Marc. Les professeurs ainsi que le concierge avaient déjà repris leur travail. Ils étaient motivés et ne voulaient pas qu’à cause d’une personne déjantée, leurs élèves en pâtissent.

Cash les reconnaissaient bien là. Voilà de bonnes bases pour renforcer les dires des inspecteurs.
- Ensemble, on est plus fort, disait souvent Nopin.
- Notre pote préconise l’union, commentait alors Gadjo.
Cash ne pouvait qu’être d’accord à 200 % avec cette méthode. Les clins d’œil volaient alors dans le commissariat, les hommes faisant attention à ce que les femmes ne les voient pas ! Gadjo ne se serait pas remis que Betty surprenne cette conversation, car il aurait perdu les dernières chances qui lui restaient d’avoir une chance de conclure avec elle. Et il devait éviter le moindre faux pas s’il ne voulait pas qu’un autre prenne sa place. Dernièrement, on le surprenait à demander à toutes les jeunes recrues mâles s’ils ne voulaient pas de jumelles pour mieux la voir. Il faut dire que depuis quelques semaines, Betty s’habillait de plus en plus sexy, et la manière de se déhancher lorsqu’elle marchait rendait tous les hommes du commissariat comme fous. Pour sa part, Cash n’avait pas besoin de jumelles pour bien mater.


Justement, Betty marchait droit vers lui. Un petit coup de peigne, la cravate bien droite et un sourire charmeur l’accueillirent dans le bureau de Cash.
- Cash… J’ai quelque chose pour toi, dit-elle bien haut. Cash vit le haut du crâne de Gadjo passer par-dessus la vitre. Betty lui fit un clin d’œil. Cash comprit de suite ce que cela sous-entendait.
- Je suis tout ouï, Betty ! répondit Cash avec son plus beau sourire.
- Tiens, du courrier pour toi… Après quelques secondes, elle ajouta avec une voix enjôleuse : As-tu quelques secondes à me consacrer ?
Gadjo toussa dans le bureau d’à côté.
- J’ai tout le temps que tu veux à te consacrer Betty ! renchérit Cash. Il faut juste que j’annule ma petite enquête. Mais pour toi, que ne ferais-je ?...
- Et bien, voilà… j’ai un problème avec un mec. Il me tourne autour, mais ne se décide pas ! Je n’arrive plus à me retenir quand je suis chez moi. Il m’obsède ! Je suis une femme et j’ai des besoins, tu peux comprendre ça ?... Qu’est-ce que je peux faire ? demanda-t-elle.
Cash souffla. Il commença :
- La seule chose à faire c’est de l’oublier et de …
Cash n’eut pas le temps de finir sa phrase que Gadjo rentrait en trombe dans son bureau.
- Cash, j’aurais besoin que tu… Ah ! Désolé… je ne savais pas que tu étais là Betty !... Ca va ?... Tu es resplendissante aujourd’hui…
Betty lui sourit, remercia Cash et sortit. Avant de refermer la porte, elle dit :
- Pour tous ceux que la muse habite, je suis souvent seule le soir et des compliments comme celui-là accompagneraient bien mes nuits, car pour l’instant, personne ne désire être entre ses mains, dit-elle en gonflant la poitrine. La porte claqua !
Gadjo, encore dans les effluves du parfum de Betty, semblait flotter sur un nuage et affichait un sourire niais. Cash le fit revenir sur terre.
- Oui, mon Gadjo, je peux t’aider ?
- Euh oui… euh… en fait, je sais plus ce que je voulais te demander. T’as eu du courrier ? lui dit-il en échappatoire.
- Oui, attends, je vais voir de quoi il s’agit. Cash ouvrit l’enveloppe et en sortit deux papiers. Le premier était une grille de l’euromillions et le deuxième des cadres bizarres.

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http://www.prise2tete.fr/upload/ash00-MN8tetris.pdf

- Qu’est-ce que c’est ? T’as gagné à un jeu ? Je suis ton pote, on doit partager !
- Non, c’est autre chose ! On dirait un message. Et avec l’autre papier, ça doit être lié.
- T’as vu ? Les croix pour les grilles, je comprends… mais ce qui est bizarre, c’est les barres dans les cases « tirages » ainsi que le numéro du bulletin qui n’est pas correct ! Généralement, c’est trois chiffres, une barre et trois chiffres. Ici, cela ressemble à une date… Octobre 2008.
- Et avec les deux chiffres du « tirage », ça fait 14 octobre 2008.
- Ca signifie quelque chose pour toi, Cash ?
- Oui… c’est devenu une date fétiche ! Un sourire se dessina sur le visage de Cash ! Il n’eut pas le temps de se souvenir de cette nuit du 14 que Gadjo continuait.
- Maintenant, si cela signifie quelque chose pour toi, tant mieux, mais il faut comprendre ce que peuvent bien signifier ces étranges dessins avec les étoiles ? On dirait un Tétris. Qu’est-ce que j’ai pu y jouer à ce jeu quand j’étais gamin !.. Ca n’aurait pas un lien avec ton histoire de la semaine passée en Belgique ?
- C’est fort possible quand on voit la date ! Bon, t’as du boulot maintenant ? demanda Cash. A voir les cocottes en papier sur ton bureau, je ne pense pas. Alors, planchons dessus.

Cash commença à avoir des frissons. Le soi-disant Ash l’aurait-il poursuivi jusqu’ici ? Est-ce un message de ce détraqué qui veut déjà commencer le match retour ? Cash ne se sentait pas en sécurité tout à coup. Il regarda autour de lui, mais rien de spécial n’attira son regard. Gadjo sortit de ses réflexions et lui pinca les fesses.
- Aiiiiiieee ! Mais qu’est-ce qui te prend ? T’es fou ou quoi ? T’es vraiment en manque toi ! Et je ne pense pas que Betty soit du genre maso.
- Mais non, Cash ! Quand t’es pas concentré, tu ne sers à rien. Je comprends ton angoisse. Mais rien ne nous dit que le cinglé que t’as fait fuir la semaine passée soit à l’origine de ce message. Allez, reprends-toi et réfléchis !

Cash se rassit ! Il se sentait vraiment bien depuis son affectation dans ce commissariat. Gadjo et Nopin avait fait tout leur possible pour qu’il se sente comme chez lui, et ils avaient réussi. Malandrin était moins présent, mais Cash savait qu’il pouvait compter aussi sur lui. Le commissaire Papiéchau gardait ses distances, mais les regards qu’il dispensait à Cash à l’occasion étaient plein de tendresse. Dernièrement, de nouveaux visages étaient apparus aussi dans l’entourage de Cash et ceux-ci étaient tous très amicaux.

Cash se sentit d’un coup mieux. Il se replongea dans les papiers reçus. Au bout de 10 minutes, il comprit ce que signifiaient les dessins bizarres. Il prit la grille d’euromillions et quelques minutes plus tard, le message apparut !

- Tu vois, dit Gadjo, c’est tout le contraire de ce que tu pensais ! Ils sont joueurs aussi, hein ? et avec une tape dans le dos qui faillit faire chanceler Cash, Gadjo prit la porte. Cash l’entendit minauder auprès de Betty.

La vie suivait son cours, comme à son habitude…